En 2015, l’élan suscité par la campagne « Enfants, pas soldats » s’est poursuivi et des progrès notables ont été réalisés.
Lancée conjointement avec l’UNICEF en mars 2014 pour mettre fin au recrutement et à l’utilisation d’enfants par les forces nationales de sécurité impliquées dans des conflits, la campagne a continué de mobiliser le soutien de la classe politique et de bénéficier d’une assistance technique. Ce soutien a contribué a aider les gouvernements concernés à mettre en œuvre des plans d’action et à prendre des mesures pour mettre fin et prévenir le recruitement et l’utilisation d’enfants. La campagne a bénéficié de soutien des États Membres, des organisations régionales et de tout un éventail de partenaires de la société civile.

Leila Zerrougui, Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés. ©UN
Les activités de sensibilisation de haut niveau de la Représentante spéciale, conjuguées à l’engagement des États concernés et à l’appui de l’UNICEF, du Département des opérations de maintien de la paix et d’autres partenaires des Nations Unies et de la société civile, ont mené à la démobilisation de centaines d’enfants, à l’adoption de nouvelles lois criminalisant le recrutement de mineurs, à la création de mécanismes de détermination de l’âge et à l’élaboration de campagnes nationales de sensibilisation.
En 2015, le nombre de cas confirmés de recrutement et d’utilisation d’enfants par des forces nationales de sécurité a considérablement diminué, notamment en Afghanistan, en République démocratique du Congo et au Myanmar. En Afghanistan,
un décret criminalisant l’enrôlement de mineurs par les forces nationales de sécurité est entré en vigueur en février et les unités pilotes de protection de l’enfant créées au sein des centres de recrutement de la Police nationale afghane de quatre provinces auraient prévenu l’enrôlement de centaines d’enfants. L’introduction de telles unités dans tous les centres de recrutement de la police du pays pourrait avoir des effets positifs pour prévenir le recrutement de mineurs.
La volonté du Gouvernement de la République démocratique du Congo pour mettre fin et prévenir le recrutement et l’utilisation d’enfants par les forces armées nationales est restée constante. À la suite d’un atelier du groupe de travail technique conjoint composé de représentants du Gouvernement et de l’ONU, une feuille de route définissant huit domaines prioritaires a été approuvée le 5 septembre par le Ministère de la défense afin d’accélérer la mise en œuvre intégrale du plan d’action visant à mettre fin à l’enrôlement et à l’utilisation d’enfants. De plus, la lutte contre l’impunité progresse, puisque des militaires de haut rang ont été poursuivis et condamnés pour avoir commis de graves violations des droits de l’enfant.

Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies. ©UN
Suite à une action de sensibilisation menée par l’ONU, notamment lors de la visite de la Représentante spéciale en juillet 2015, le Myanmar a signé le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication
d’enfants dans les conflits armés. Avec l’appui de l’ONU, des centaines d’enfants ont été démobilisés des forces armées du Myanmar depuis le début de la campagne et l’accès aux bases militaires a été élargi à des fins de surveillance. Toutefois, des cas de recrutement de mineurs sont encore signalés et il arrive que des enfants soient envoyés au front.
En 2015, l’exemple du Soudan du Sud et du Yémen, deux pays qui s’étaient engagés auprès de l’ONU à mettre en œuvre des plans d’action pour en finir avec l’enrôlement et l’utilisation d’enfants, a montré que l’intensification d’un conflit peut ralentir la réalisation de l’engagement pris par l’État de mettre un terme aux violations envers les enfants. Ces deux exemples montrent aussi combien il est important d’instaurer des mécanismes qui soient suffisamment solides pour résister à une nouvelle crise. Au Soudan du Sud comme au Yémen, le recrutement et l’utilisation d’enfants par presque toutes les parties au conflit est devenu endémique.
Le Gouvernement fédéral de la Somalie s’est lui aussi engagé à mettre en œuvre un plan d’action, mais l’instabilité actuelle a entravé les progrès au cours de l’année 2015. Au Soudan, des progrès encourageants ont été accomplis vers l’élaboration finale d’un plan d’action pour mettre fin et prévenir le recrutement et l’utilisation d’enfants dans les forces nationales de sécurité.
Cette année, la dernière de la campagne, la Représentante spéciale maintiendra les liens avec les États Membres concernés, les organisations régionales, la communauté internationale et les partenaires intéressés pour consolider les acquis et veiller à ce que des ressources techniques et financières soient mises à disposition pour permettre la pleine mise en oeuvre des plans d’action.
Des services de réintégration apportant une aide psychosociale aux enfants ayant été enrôlés par le passé doivent être mis en place au niveau local pour aider ces enfants à se réapproprier leur vie grâce à des programmes d’enseignement et de formation
professionnelle, qui tiennent compte des besoins particuliers des filles. Les États Membres devraient veiller à ce que les ressources allouées à la séparation et à la réintégration soient suffisantes et à ce que l’accent soit mis sur la durabilité, notamment en veillant à ce que les enfants soient réinsérés dans un milieu sûr afin d’éviter qu’ils ne soient recrutés à nouveau.
La Représentante spéciale continuera à plaider en faveur de la criminalisation du recrutement d’enfants et de la responsabilité judiciaire pour les auteurs de toutes les violations graves des droits de l’enfant. Il est essentiel, pour induire un changement durable et protéger les enfants, que les recruteurs d’enfants aient à répondre de leurs actes.
La Représentante spéciale note que la majorité des groupes armés inscrits sur la liste des parties qui recrutent et utilisent des enfants figurant en annexe au rapport annuel du Secrétaire général sur le sort des enfants en temps de conflit armé sont actifs dans les pays visés par la campagne « Enfants, pas soldats ».
L’élan généré par la campagne a mené au développement, dans la plupart de ces pays, de cadres juridiques de protection de l’enfance plus solides, qui offrent également aux États d’autres moyens de mettre fin et prévenir les violations perpétrées par les groupes armés non étatiques. La Représentante spéciale se réjouit des nouvelles possibilités de dialogue avec les groupes armés non étatiques en vue de protéger les enfants des violations graves. Il conviendra de renforcer ce dialogue en priorité.
Ce texte est un extrait du Rapport annuel de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé présenté au Conseil des droits de l’homme.