Lors d’une réunion lundi au Conseil de sécurité des Nations Unies, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Leila Zerrougui, a souligné que les progrès réalisés pour mieux protéger les enfants dans le monde ont été éclipsés par de nouvelles crises.

« Nous savons que jusqu’à 700 enfants ont été tués ou mutilés en Iraq depuis le début de l’année, y compris dans le cadre d’exécutions sommaires », a affirmé Mme Zerrougui en exprimant sa consternation concernant le mépris total de la vie humaine dont fait preuve le groupe armé l’Etat islamique en Iraq et au Levant (EIIL).

L’EIIL cible des minorités, dont des enfants et des femmes, dans la zone qu’il contrôle en Syrie et en Iraq. Le groupe a chargé des garçons, dont les plus jeunes ont 13 ans, de porter des armes, de garder des lieux stratégiques ou d’arrêter des civils. D’autres enfants sont utilisés pour des attentats-suicides.

Au Nigéria, le groupe islamiste Boko Haram a tué ou mutilé des enfants et attaqué des écoles ou des hôpitaux. Les attaques de Boko Haram ont provoqué la mort de 100 écoliers et 70 professeurs en 2013.

« L’enlèvement des filles de Chibok, en avril dernier, a horrifié le monde entier », a souligné la Représentante spéciale en rappelant que plus de 200 filles sont toujours aux mains du groupe islamiste.

Mme Zerrougui s’est déclarée « horrifiée » par le fait que, depuis le début du mois de juillet, plus de 500 enfants palestiniens ont été tués et au moins 3106 blessés ou mutilés par les forces israéliennes à Gaza, les deux tiers d’entre eux ayant moins de 12 ans. Au moins de 244 écoles, dont 75 gérées par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), ont été frappées par des tirs de l’armée israélienne.

« Il faut mener une enquête approfondie sur ce qui s’est déroulé à Gaza et assurer que les auteurs de violations de toutes les parties au conflit rendent des comptes », a souligné Mme Zerrougui. « La lutte contre l’impunité reste un aspect clef de nos efforts, non seulement pour ce qui est de réagir, mais aussi pour prévenir de graves violations à l’encontre des enfants ».

La Représentante spéciale a indiqué que les enfants ont également été victimes de violations graves en Libye, en Afghanistan, en République centrafricaine, au Mali et au Soudan du Sud.

La campagne « Des enfants, pas des soldats », lancée avec l’UNICEF il y a six mois, a reçu un appui sans précédent, s’est félicitée Mme Zerrougui. Dans cet esprit, elle salué les efforts concluants du Tchad pour mettre fin au recrutement d’enfants soldats.

De son côté, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, a rappelé que la protection des civils et, en particulier celle des enfants, était au cœur des mandats des opérations de maintien de la paix et que la communauté internationale devait agir de manière plus responsable et mettre fin aux souffrances des garçons et des filles dans les conflits armés.

M. Ladsous a souligné que le Département des opérations de maintien de la paix entendait établir des partenariats avec les pays où sont déployées des opérations de maintien de la paix, afin de permettre à ces États de pouvoir assurer leurs responsabilités en matière de protection des enfants.

« Le Département des opérations de maintien de la paix est déterminé à agir dans une optique de responsabilité et de partenariat », a déclaré le Secrétaire général adjoint en expliquant qu’il fallait montrer l’exemple et faire des enfants une priorité.

De son côté, l’Envoyé spécial de l’UNESCO pour la paix et la réconciliation, l’acteur américain Forest Whitaker, a exprimé sa préoccupation concernant la situation au Soudan du Sud où des milliers de personnes ont trouvé refuge dans les sites de protection de l’ONU à travers le pays. Neuf mois après le début du conflit, beaucoup d’entre elles ne veulent toujours pas rentrer chez elles ou ne savent pas si elles devraient le faire. La ville de Bentiu, dans le nord a été désertée.

M. Whitaker a expliqué que le conflit a des conséquences désastreuses sur les enfants, certains d’entre eux ayant les cheveux rouges à cause de la malnutrition. Des milliers d’écoles sont fermées et transformées en camps militaires, des milliers de jeunes ne reçoivent plus d’éducation, a-t-il dit.

Depuis le lancement de la campagne « Des enfants, pas des soldats », des développements positifs ont été observés, a reconnu M. Whitaker en prenant l’exemple du Tchad et celui du Myanmar qui a libéré une centaine d’enfants.

« L’aide aux gouvernements pour mettre fin à cette situation est une première étape. Nous devons allouer des ressources adéquates pour prendre en soin des enfants lorsqu’ils ont été sortis de la guerre. Nous pouvons sortir les enfants de la guerre mais il faut faire plus pour qu’ils réintègrent la société, aillent à l’école, apprennent un métier utile », a déclaré l’Envoyé spécial.

Cet article a tout d’abord été publié au Centre d’actualités de l’ONU